lundi 16 juillet 2012

Vienne - Komarno

Jeudi 12 juillet : 72km. Inutile de préciser que nous sommes frais comme des gardons, ce matin a 8 heures, pour le petit dejeuner avec Stefan. Nico en oublie meme de parler english a notre hote, qui s'en trouve tout  déconcerté.

Quelques cafés plus tard et on est chauds! Cette fois ci on quitte la ville pour de bon : une longue route nous attend et il s'agit de ne pas lambiner! Confiants dans nos pneus neufs, qui nous permettront certainement de rattraper notre retard, c'est avec une déconcertante facilité que nous survolons les cinquante premiers ... metres. Sans le "kilo" avant, parce que le Poivre a crevé. Son pneu neuf, oui. Comment? Vas savoir. Alors faut réparer. On répare, et on repart. Un, deux, tro...skikiklikiklik...prout. Dix metres. De mieux en mieux. Apres le sketch du pneu crevé, voila ti pas que le bras du dérailleur me fait l'honneur de se tordre? Allez, rebelotte, on déballe tout et on répare. Et encore heureux que j'en avais un de rechange, juste au cas ou (déecidemment, ca m'arrive souvent les "cas ou".. faudrait peut etre jouer au loto, au "cas ou"...). Bref, une heure plus tard on peut enfin partir.

En milieu de matinée, nous passons devant deux droles d'engins, sortes de tricycles sur-équipés, et pilotés par deux jeunes garcons d'une vingtaine d'années. Une conversation s'engage : ils vont en Chine, les petiots, en longeant le Danube jusqu'a Istanbul, le tout en un an (www.seidenpfad.de). Notre propre voyage nous parait d'un coup nettement plus bref. Quoiqu'il en soit, nous décidons de poursuivre nos routes conjointement, du moins jusqu'a Bratislava. Ainsi papotons nous tranquillement lorsqu'au détour d'un virage, nous tombons nez a nez avec deux autres gars en vélo. Ceux la sont des belges et ils viennent... de Chine (www.neswbybike.be). Décidemment qu'est ce qu'il leur prend avec la Chine a tous ces gens? Bon en fait les belges nous avouent que la Chine c'était juste la "derniere étape". En fait ils ont fait le tour du monde, depuis pres de onze mois, et se dirigent lentement mais surement vers leur Belgique bien aimée.... Ah ouais, en fait notre voyage, maintenant, il semble vraiment tout petit rikiki la dis donc!


Nous arrivons finalement a Bratislava en début d'apres midi. On a quitté l'Autriche et ca se voit : finis les espaces propres et nets, bonjour graffitis, saletés et facades abimées. La ville est étonnamment vide, il y a peu d'habitants, surtout pour une capitale. Et pourtant on s'y sent bien, du moins dans la partie historique de la ville, car un peu plus loin se trouve la seconde cité, soviétique celle la, immense champ de cubes bétonnés identiques, nettement moins avenants et fantaisistes que les belles facades colorées du centre. Laissant la les jeunes allemands, nous nous installons au milieu d'une place le temps d'une collation.


Un peu plus loin, une musique envolée se fait entendre. Le son d'un archet courant allegremnent sur son violon nous guide vers la place principale, ou se tient une grande fete. Tout autour de nous, des drapeaux francais, des voitures francaises en présentation, des enseignes en francais et meme un jeu de pétanque, au milieu desquels se tient un spectacle de musique et danse slovaques. Génial.


C'est l'ambassade de France qui organise le 14 juillet, un peu en avance, pour ses ressortissants (et pour vendre un peu de "made in France" au passage). On se remplit les oreilles et les mirettes, Nico part a la rencontre des expat' et nous rencontrons consécutivement deux francais venus en stop (avec un budget de 200 euros par personne pour le voyage), et  un cycliste slovene en partance pour l'Espagne (www.markopoljac.com). Journée fort riche en rencontres!


La soirée se déroule paisiblement, entre bar, restaurant et concerts (on a changé de répertoir : Edith Piaf ca fait plus franchoullard), puis alors qu'une pluie légere commence a tomber, nous nous éloignons de la ville pour trouver un endroit ou camper. Un premier essai nous emmene dans une sorte de bois bruyant empli de dechets, ronces et orties, mais quelques kilometres plus loin nous trouvons enfin un endroit calme ou dormir tranquillement.


13 juillet   Bratislava-Komarno
DJ: 102,87 km
DT: 1408,7 km

Il est deux heures du matin. Les bourdonnements des moustiques nous empechent de dormir. On se tourne. On se retourne. Etrangement, le bruit ne s'arrete pas. On se fustige nous meme certain d'avoir fait mouche. Mais le bruit repart de plus belle. Je me rerretourne. Tu te reretournes. Rien y fait. Pourtant la tente est bien fermee. Est-il possible d'entendre si distinctement les tapageuses bestioles qui sont a l'exterieur de notre domicile? Mes pieds me grattent. Mon dos aussi. C'est vrai qu'on ne s'est pas lavé aujourd'hui. Ce doit etre la crasse. Allé, on essaie de s'endormir. Tabernacle. Je n'en peux plus: Je me redresse , assis sur mon posterieur. Je saisis la lampe torche afin de m'assurer que nous sommes bien en sécurité dans notre mètre cube. La lumière se diffuse. Effarement. La tente est emplie des dardus insectes volant au grés de nos épidermes savoureux. Maintenant réveillés, nous tenons conseil de crise. A l'unanimité l'état-major décide d'affronter l'ennemi.
C'est ainsi que débuta, ce 13 juillet 2012 a 3.12 du matin,  la première bataille de Komarno. Ce fut une hécatomde du coté des moustiques. Pas un ne survécut. La toile de tente conserve encore aujourd'hui les stigmates des combats.
Devenus criminels de guerre nous pouvons nous rendormirent sur nos deux oreilles.

Il est  quattre heure du matin. De facétieux cervidés ont décidé d'organiser un cache-cache autour de la tente. Il y en a un qui aboie le décompte. Les autres courrent se cacher. A coup sur, ils prennent la tente comme paravant. Saperlipopette, cette foret ne nous veut pas du bien.

Il est huit heure. Il pleut. Nous pouvons nous lever. Par chance, le temps de faire notre paquetage la pluie a cessé. Tout est pret a partir. Ah! Olivier a oublié son compteur dans la tente. On défait l´harnachage des vélos, on déplie la tente, on fouille. Ah ben non. En fait le compteur était rangé a sa place dans une poche du sac. Quel déconneur ce Poivre!

On parvient finalement a prendre la route. La piste continue de longer le Danube. La pluie nous épargne. Pas la faim. Nous n'avons encore rien mangé. Nous nous arretons donc dans une base de loisirs située au niveau d'un barrage sur le Danube. Il s'y trouve un hotel restau. Agréable surprise, celui-ci  fait une excellente cuisine: velouté de champignons et rizzoto au parmesan et aux piments. Un délice. A la vue de l'addition, nous nous aiguaillons en pensant que dorénavant nous pourrons faire gras pour pas un rond!

Mais il faur repartir. Sous la pluie cette fois-ci. Pendant deux heures et demi nous allons affronter une météo trés désagréable. La piste longe infiniment une digue de béton et de bitume. Le ciel est gris. Le sol aussi. Et l'eau. Le fleuve forme de longs méandres qu'il nous faut parcourir. Puis nous traversons un barrage, bout au vent. La pluie nous fouette, les vélos avancent péniblement. Pour nous réchauffer les pieds, nous roulons dans les flacs ou l'eau a été chauffée par le sol. Les extrémités de nos membres perdent toute sensibilité. Nous convenons de nous arréter dans le village suivant pour prendre un café.

C'est dans le village de Sap que nous trouvons refuge. Dehors. Olivier est trempé. Ses deux parre-pluie ne parrent pas la pluie. Il grelotte. Sous la bache qui abrite la terrasse du café, il y a un vélo. Attablé a coté du vélo, il y a un homme. C'est Jean-Emmanuel.


En voyageurs, nous sommes toujours a l'affut des rencontres inoppinées. D'autant plus s'il s'agit de cycliste dans un village paumé, sous une pluis diluvienne. Jé est francais. Il est CRS a la retraite. Un jour il s'est dit qu'il relierait Saint-Brévin-les-Pins a Constanta sur la Mer Noire. Et bien ca y est, il l'a fait. Au moment ou nous le croisons, il est sur le retour, la tete deja dans ses futurs périples en Ecosse et en Australie. Nous sommes tous trois heureux de nous croiser dans ces conditions.
Nous commandons tous deux notre café. Et une petite eau de vie locale histoire de nous réchauffer un poil. Jé offre la sienne. On met la notre. Je mets la mienne et toi la tienne. A qui c'est l'tour. Deux heures plus tards, nous sommes réchauffés et cette fois-ci complètement insencibilisés de partout. Ca a quand meme du bon la francophonie!
Au cour de la discussion, comme les spasmes d'Olivier tressautant sur son banc nous empéchaient de boire tranquillement, Jé lui a filé un sweat. De CRS, s'il vous plait. Et notre Poivre cessa de trembloter. Merci a toi Jé, compagnons d'aventure. On te souhaite bonne route et beaucoup de plaisirs dans tes projets a venir.

Nous profitons d'une accalmie pour repartir. Nous traversons quelques villages. C'est ici plus pauvre qu'en Autriche. A prime abord. Le paysage est ponctué d'espèces de chateaux d'eau, longs mats surmontés d'une sphère d'environ 2 m de diamètre. On ne sait pas ce que c'est.


Nous trouvons un endroit charmant pour camper. Une plage de gallets en bord de Danube. Il nous reste un peu de temps pour nous laver dans l'eau calme a cet endroit. Propres et assis cote a cote sur un matelas de sol nous engloutissons noter plat de pates. En face de nous, l'autre berge. Obscure foret les pieds dans l'eau. Un peu plus en aval, trois vieilles péniches arimées les unes aux autres rouillent paisiblement. Les eaux chaudes du Danube dégagent quelques lambeaux de brumes sur la surface. Avec la nuit ils deviendont épais brouillard. Celui-ci masquera le ronronnement des bateaux en approche. Nous ne les apercevrons qu'au dernier instant a la faveur de leur feux scintillant dans un halo cotoneux. Londonien est le mot qui me vient.


Belle nuit. La première ou il aura était possible de dormir le nez sous les étoiles. Merci nature.

6 commentaires:

  1. Y'a pas à dire, vous êtes une belle bande de gl.... heu de veinards!
    Et le bleu du lac, quelle beauté.

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  2. "lambeaux de brume"...j'adore!
    beau talent de conteur...
    Alex

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  3. "lambeaux de brume"...j'adore!
    beau talent de conteur...
    Alex

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  4. Hello!

    Super ce blog! je pense que la bataille de Komarno restera dans les annales, et les petits écoliers la raconteront pendant longtemps encore.

    Bonne route!

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  5. belle plume,et que coq chante tous l ete afin que la fourmie,fourmille d idée;david l

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  6. Coucou ! Bon je suis un peu en retard sur le récit là^^
    Le coup du compteur dans la poche qu'on cherche dans la tente... j'aurais trop voulu être là quand Olive l'a retrouvé dans sa poche, et voir la tête de Nico :) Ca m'a rappelé des souvenirs ;)

    Bon je continue le récit, pour moi vous arrivez à peine en Hongrie, faut que j'active!

    PS : Olive tu t'es transformé en Moustikator dans la tente ;) ?

    Emilie

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